Carole Boulbès
Picabia et le cinéma
Collection : Le cinéma des poètes
128 pages
Format : 11,5 x 17,5 cm
ISBN : 9782376280774
Date de parution : octobre 2020
Prix : 10 €
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Picabia fit du cinéma à toute vitesse, entre jouissance et folie, comme il conduisait ses automobiles. En 1924, il avoue avoir confié « un tout petit scénario de rien du tout » à René Clair qui en fit un « chef d’oeuvre », Entr’acte. Pourtant, le peintre s’était pris au jeu au point d’inventer un ballet-cinéma (souvent comparé au Grand Verre de Duchamp), puis de caresser le rêve de fonder un collectif de cinéastes. En 1928, il récidiva avec La Loi d’accommodation chez les borgnes, « historien d’un crime de lèse-réalité » très différent des scénarios d’Artaud, de Bunel et Dali ou de Desnos. Et pour cause ! Ses articles explicatifs sont remplis d’anecdotes plus ou moins triviales et de mots d’esprit : Entr’acte et La Loi ne croient pas à grand chose, sauf au « désir d’éclater de rire » ; « on ne va pas au cinéma pour y retrouver sa table de nuit, ses pantoufles, sa cuisinière ou son carnet de chèque ». Belle façon de prendre ses distances par rapport au « théâtre filmé » et aux recherches du cinéma « pur » !
Picabia aime les rebondissements des films à épisodes et les courses-poursuites burlesques du cinéma d’avant-guerre. Avant Dada ? Ce n’est pas une nouveauté : dans ses essais poétiques aussi, cet irréductible individualiste mêlait novations, insolences, et retours vers les aphorismes du passé.
Critique d’art et historienne, Carole Boulbès est auteure d’articles et de recherches sur l’art moderne et contemporain, elle a consacré plusieurs ouvrages à l’oeuvre et aux écrits de Francis Picabia. Elle enseigne l’histoire et la théorie des arts à l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy.